Un robot à soi

Synopsis

À quoi doit-on l’émancipation des femmes au cours du 20e siècle ? Aux nouvelles technologies facilitant les tâches ménagères. Du moins, c’est ce qu’affirmaient les publicités des années 1940 à 1970. Par le remploi de films publicitaires et d’archives télévisuelles, cet essai rétrofuturiste féministe interroge ce discours capitaliste pour examiner la relation des femmes aux technologies.

Fiche tecnhique

réalisation, montage et recherche d’archives ANNE GABRIELLE LEBRUN HARPIN  montage sonore, musique et mixage CLOVIS GOUAILLIER  direction de post-production JUSTINE DORVAL et RUI SILVEIRA  traduction française ANDRÉANNE MARTIN  sous-titres CLOÉ LAFORTUNE  libération des droits sur les archives DIANE POITRAS  titres et générique RUI SILVEIRA

Références

Voir dans références.

Projections publiques et reconnaissances

Festival Internacional de Cortometrajes de Aguilar de Campoo (2023)
Cinéma sous les étoiles (2023)
Festival de cinéma de la ville de Québec (2023)
Beyond Borders – Kastellorizo International Documentary Festival (2023)
Programme spécial GIV PRÉSENTE : « Intimités à l’épreuve du numérique » (2023)
Elles Tournent – Festival International de Films de Femmes de Bruxelles (2023) 
Festival Filministes, Montréal (2023) 
Festival international du film d’histoire de Montréal (2022) – Prix du meilleur court métrage
Sole Luna Festival, Palermo (2022)
Videomedeja Video Art Association, Library & New Media Festival, Novi Sad (2022)

L'auteur sur son film

« C’est cette thématique importante du film qui m’a inspiré le titre final du film Un robot à soi, une référence à la thèse de Virginia Woolf dans l’essai Un lieu à soi selon laquelle « une femme doit avoir de l’argent et un lieu à elle si elle veut écrire de la fiction » (Woolf, 1929, 2016, p. 20). Dans son titre, le film propose ainsi d’étudier une thèse capitaliste selon laquelle une femme doit plutôt avoir des outils technologiques à elle pour s’émanciper. »

Anne Gabrielle Lebrun Harpin
Lire le récit de pratique

Un robot à soi

La société de l’après-guerre en Amérique du Nord s’habitue lentement à côtoyer la machine informatique. Les foyers s’équipent en électroménagers, les entreprises des premiers ordinateurs.

Les efforts promotionnels déployés pour expliquer le fonctionnement des nouveaux appareils et vanter leurs bienfaits s’inscrivent au sein d’une célébration du progrès technique. Dans la droite ligne de l’idéologie libérale, la technologie participe à la libération de l’individu. Elle travaille aussi, à en croire les discours marketing, à l’émancipation des femmes, les délestant des tâches ménagères pour mieux les intégrer dans le monde de la consommation et éventuellement dans celui du travail.

Au sein du foyer familial, on rêve de pouvoir automatiser les tâches jugées répétitives et triviales, just set a dial et le tour est joué. La délégation du travail ménager aux robots dit beaucoup des représentations associées à ces tâches routinières du quotidien, le plus souvent assumées par des femmes. L’automatisation s’étend aujourd’hui à tout le travail de reproduction sociale (les soins, l’éducation, le travail ménager, etc.). Les objets connectés et les discours futuristes qui les accompagnent reposent ainsi la question : quelle valeur donnons-nous aux tâches confiées aux robots et quelle place accordons-nous à celles et ceux qui accomplissaient jusque-là ces travaux ?

Les fragments d’archives montrent l’humain affairé devant la machine pour tenir la cadence. Dans les bureaux, les premières opératrices sont en majorité des femmes. La conception et le développement des technologies informatiques restent néanmoins une affaire d’hommes, créant une forte inégalité de sexe, et ce jusqu’à nos jours. Que la machine soit mécanique, fonctionnant à partir de séries de cartes perforées ou branchée en réseau de télétravail, les images diffèrent, mais le motif général reste le même.

Everyone says the future is strange, but I have a feeling some things won’t change