Sans la peau

Synopsis

Une émotion réfugiée dans sa plus profonde intimité. Vivre cette émotion, hésiter, foncer. Prendre cette émotion, la propulser…un élan à offrir, une trajectoire à donner (ées)… L’animation Sans la peau aborde les interfaces dont ceux omniprésents, des écrans d’appareils mobiles et des enjeux qui en découlent sur la sensualité.

Fiche tecnhique

réalisation et animation MARJOLAINE BÉLAND  production DIANE POITRAS  direction de production et de post-production JUSTINE DORVAL  conception sonore GAËLLE SCALI  titres et générique RUI SILVEIRA

Références

Voir dans références.

Projections publiques

Programme spécial GIV PRÉSENTE : « Intimités à l’épreuve du numérique » (2023)
Festival Filministes, Montréal (2023)

L'auteur sur son film

« Le sujet rejoint des thématiques récurrentes de ma démarche artistique, comme l’opacité et l’invisibilité et la sensorialité, par le biais cette fois-ci de l’attrait sexuel. Je veux cependant éviter de parler des sites de rencontre, du moins, dans un premier temps : le sujet maintes fois abordé dans les médias traditionnels, je doute que je puisse le traiter sous un angle original. Je désire que l’animation aborde le sujet de manière onirique sans toutefois s’y attarder outre mesure, car intuitivement, je sens que le sujet mène ailleurs. »

Marjolaine Béland
Lire le récit de pratique

Sans la peau

En 2020, nous avons vécu d’étranges expériences sensorielles : se rencontrer dans l’absence, assister à des concerts ou des projections sans ressentir la présence de la salle, voir le monde sensible se recroqueviller autour de quelques lieux, un quartier, deux trois commerces, un logement. Le passage en ligne de nos activités quotidiennes prend des allures de fuite.

L’étude de la matérialité du numérique a mis en lumière l’habileté des systèmes techniques à recomposer la société par des voies inédites. Intercalés dans le milieu de nos échanges, ces systèmes jouent sur les capacités d’action des individus, leurs désirs ou la possibilité de revendications collectives. Avant même d’étudier les effets du recours généralisé aux algorithmes et peut-être bientôt à l’intelligence artificielle, la violence de la pandémie pose des questions plus pragmatiques. Que perd-on lorsqu’une bonne part de nos liens passe par les réseaux numériques ? S’agit-il d’une perte sensorielle, au niveau du toucher ? Comment pourrons-nous faire sens d’un monde qui, comme la circulation des images sur les écrans de nos téléphones, apparaît de plus en plus fragmenté.

Les mains, les gestes, le toucher, lieux par excellence de l’intimité, glissent sur les téléphones pour assurer la communication sur le réseau. La chose est entendue depuis longtemps. Les appareils techniques du numérique canalisent une large part de nos interactions. Ils en codifient aussi le déroulement. Ils inventent de nouveaux gestes qui seront ensuite valorisés par des brevets et favorisent des comportements en fournissant des recommandations à partir de collectes de données. Sur les sites de rencontre, des algorithmes gèrent également les rapprochements virtuels. Leur action pose d’innombrables questions d’ordre éthique et social.

Assiste-t-on au piratage de notre corps, de notre intimité par la machine ? Face au tourbillon numérique, prenons un instant de pause. Respirons. Une ligne de fuite se trouve peut-être cachée dans un glitch de l’image, dans un motif tournoyant.