L’intime spectaculaire

Synopsis

À l’ère YouTube, l’exhibitionnisme et le voyeurisme se font écho et atteignent leur paroxysme. Les frontières du privé et du public s’estompent. L’intimité devient spectacle. Gabrielle Marion le sait plus que quiconque. Célèbre YouTubeuse québécoise, elle documente sa vie et sa transition sexuelle depuis huit ans.

Fiche tecnhique

avec GABRIELLE MARION  réalisation et montage FANIE PELLETIER  mixage CHRISTOPHE VOYER  colorisation ALEXIS BOUFFARD-DUMAS  titres et générique RUI SILVEIRA

Références

Voir dans références.

Projections publiques

Programme spécial GIV PRÉSENTE : « Intimités à l’épreuve du numérique » (2023)
Rainbow Visions Film Festival (2022)
KASHISH Mumbai International Queer Film Festival (2022)
Rendez-vous Québec Cinéma (2022)
I+N Festival Courts Queer Short Film Fest (2021)
Pink Life Queer Fest (2021)

L'auteur sur son film

« L’entretien s’est déroulé encore mieux que je pensais : j’ai découvert une jeune femme attachante et réfléchie. J’ai pu constater la forte distinction entre elle et son personnage plus exubérant et approfondir sur la question de l’intimité. Ma sympathie pour elle n’a fait que croitre, ce qui m’a grandement aidé pour le montage. »

Fanie Pelletier
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L’intime spectaculaire

Les plateformes de partage de contenus générés par les utilisateur.ice.s ont joué un rôle déterminant dans la mise en visibilité de certaines communautés marginalisées et sous-représentées dans les médias traditionnels. Ce type de réseaux de partage d’information a non seulement permis une plus grande représentation, ils ont aussi participé à la production et la circulation de savoirs alternatifs, notamment sur le genre et l’identité sexuelle, servant à contourner, voire contester les tendances pathologistes du regard médical. Peu à peu, l’expertise sur ces réalités s’est dérobée du monopole médical pour inclure les conditions et l’expérience subjective des individus.

À ce jour, la plateforme Youtube met à disposition l’archive audiovisuelle la plus volumineuse et vivante de l’auto-représentation trans. Les vlogs trans s’y sont développés à la fois comme forme culturelle et comme genre médiatique. Le partage détaillé et suivi de la transition physique, mentale et sociale, en constitue l’élément central. Cela dit, entre le moment de création de Youtube (2005) et aujourd’hui, les vloggeur.se.s trans ont dû s’adapter à de nombreuses modifications de la plateforme, en particulier à la place croissante accordée aux contenus professionnels produits par des grandes sociétés de radiodiffusion et à l’organisation des vidéos par chaîne qui en découle. La distinction entre le contenu amateur produit principalement par et pour les personnes trans et les productions professionnelles est devenue, dans ce contexte, difficile à cerner, d’autant plus que le programme de partenariat de Youtube, les revenus publicitaires et le contenu sponsorisé ont favorisé la commercialisation des vidéos générées par les utilisateur.ice.s.

Ces transformations socioéconomiques ont affecté autant les façons de se présenter des vloggeur.se.s dont les chaînes sont en compétition les unes avec les autres, que leurs manières de s’adresser aux gens qui mélangent désormais les codes du partage communautaire et de l’audience. Dès lors, les moyens de créer un sentiment de communauté et d’appartenance, notamment par le maintien de liens affectifs de proximité et de confiance, s’entremêlent aux contraintes posées par la recherche du succès populaire et commercial.

Pour les vloggeur.se.s trans, les attentes par rapport à cette proximité, à la disponibilité et au dévoilement, sont encore plus élevées compte tenu des voix marginalisées qu’iels représentent. C’est le cas pour Gabrielle qui se sent manifestement obligée de justifier ses absences.